Reportage : Un couple franco-gabonais inquiet de la situation post-electorale au Gabon

Un couple franco-gabonais inquiet de la situation post-electorale au Gabon
09 septembre 2016
Un couple franco-gabonais inquiet de la situation post-electorale au Gabon

© Laurent SAZY / Divergence

Bois le roi (77590), Marie-Lou et Yann , un couple Franco-gabonais inquiet de la situation de crise Texte : Marie-Lou et Yann , un couple Franco-gabonais inquiet de la situation de crise
post-électorale au Gabon.

Ils vivent en France dans un village proche de Fontainebleau 

Marie-Lou et Yann se sont connus en 20009 à Libreville dans la capitale gabonaise. Lui, 42 ans, français, séparé de la mère de ses 2 enfants qui vivent en France, est arrivé au
Gabon en 2006 comme consultant en médiation interculturelle et développement durable. Aujourd’hui il a créé et développé une Entreprise Sociale basée en Angleterre « Blessing of the forest » qui oeuvre dans la préservation de la pharmacopée traditionnelle gabonaise et la promotion de l'agro foresterie , mais avec la crise économique au Gabon, liée à la chute des prix du pétrole, et l’instabilité due au processus électoral, il a quitté depuis 3 mois la capitale gabonaise pour la région parisienne en attendant une amélioration de la situation.

Son épouse, Marie-Lou , 30 ans , travaille comme infirmière d'état dans un grand hôpital de
Libreville. Elle l’a rejoint en juin dernier bénéficiant d'un congé formation avec pour projet de se spécialiser dans la puériculture. « je ne peux pas rester en France dans l'immédiat n'ayant pas de Visa Long Séjour. Je dois repartir au Gabon, quand le climat politique sera plus calme, afin de régulariser ma situation ».

Son « statut d’expatrié » comme directeur d'une Entreprise Sociale créée fin 2015, est difficile.
« Sans revenus, ma situation financière est terrible, j’ai dû prendre un logement en France, pour ma femme et moi, et il me faut de la place pour recevoir mes 2 enfants (Mattéo 14ans et Dorah 11 ans) d’une précédente relation. ». Il ajoute:
« On ne pouvait pas rester au Gabon avec les élections et la situation économique. Depuis quelques temps, Libreville est devenu insécure, la criminalité a augmenté, il ne fait plus sûr de sortir la nuit. Actuellement, il y’a des barrages de police partout. Les gens ont peur et restent chez eux! 
« C’est difficile! ».
« Je travaille depuis des années, avec de maigres financements participatifs, sur un projet avec les Parcs nationaux du Gabon et plusieurs villages autour d'un vaste programme de protection d'une plante endémique du Bassin du Congo, classée au Patrimoine Culturel National de la République gabonaise en 2000 par feu le Président Omar Bongo. Cette plante, menacée par un trafic international croissant, est intiment liée aux éléphants de la forêt équatoriale africaine qui en sont très friands mais également menacés d'extinction. Cette plante, considérée comme sacrée, est utilisée dans les cérémonies initiatiques traditionnelles gabonaises depuis des millénaires. Le monde scientifique international étudie depuis 2 siècle cette plante et en particulier l'un de ses principaux principes actifs ayant démontré son potentiel neuro régénérateur et anti addictif aux opiacés. 
ça fait 10 ans que je vis là-bas. Le Gabon c’est mon deuxième pays, ma deuxième maison ! mais là……. »

Marie-Lou ajoute, « Maintenant on attend de voir comment va évoluer la situation. On profite du bon climat de la France, on fait des ballades à vélo, à pieds dans la foret de fontainebleau. La grande ville ne nous convient pas. On a préféré s’installer « à la campagne », loin du béton, du stress, de la pollution et des risques d'attentats. Ici c'est bien plus sain et tranquille !
Nous avons passés les vacances d'été ici avec les enfants de Yann. Nous habitons en forêt, prêt de la base de loisir où les enfants s'y sont baigné et y ont joué au basket ball, au foot, fait du cheval... Nous avons surtout fait beaucoup de balades à vélo. Nous sommes quand même parfois monté sur Paris pour visiter. Yann m'a présenté ses amis... on a été à l’Aquaboulevard et à la fête des loges à Saint Germain en Laye. On a été dans le sud de la France chez des amis, c’est beau !……. J’aimerais suivre des formations complémentaires dans la santé mais avec mon problème de visas c’est difficile. Je ne peux pas travailler en France pour le moment……

« On aimerait bien rentré au pays plus tard……Le Gabon est un
endroit merveilleux. Nous, on ne comprend pas tout ce qui se passe. On regrette
ce qui se passe. Le Gabon est un pays francophone. Les habitants parlent
français et parfois même mieux qu'ici. Les liens sont
profonds entre la France et le Gabon. Avant c'était calme…..
 Yann m’interpelle: « Pourquoi le jeu politique interfère t'il toujours aussi mal dans les bonnes relations entre les peuples ? Nous sommes de vieux frères. Il y a tout un tas d'échanges possibles et réellement profitables à chacun, en particulier pour la jeunesse des 2 pays. L'éco-tourisme, l’hôtellerie, la promotion culturelle, la recherche scientifique, la protection de l’environnement et des savoirs traditionnels, la formation professionnelle.... tout est à développer au Gabon. Circuler entre les deux pays est
très difficile. Il faut produire des quantités de papiers administratif pour
avoir un visa. Ces formalités gagneraient à être simplifiées » J’ai plein
d’amis dans le monde qui rêve de venir découvrir la grande forêt gabonaise, les
animaux, les traditions ancestrales, les danses et les chants des pygmées, les
plages baignées par l’atlantique sud, les chutes de Kongou, le baie de la
Lopé, les monts de cristal et de Chaillu, parcourir le pays.

Dans leur logement, un F2 dans le village de Bois le roi, ils suivent
l’actualité du Gabon:
« on écoute la radio, on regarde internet ou la télévision, on appelle les amis
aux pays quand les lignes ne sont pas coupées! Hier, on a appris que le candidat
de l’opposition Jean Ping avait déposé un recours devant le conseil
constitutionnel. Bon, les délibérés vont prendre une quinzaine de jours. Ils
risquent encore d’y avoir des incidents. La situation peut empirer,…
les gens parlent de guerre civile….
pourtant nous les gabonais, nous sommes le peuple le plus pacifique! Il
n’y a jamais eût la guerre chez nous. On ne veut pas de ça!!!
Yann rajoute qu’il a parlé avec des chefs de villages de la région de son
épouse autour de Lambarène, du nord au sud du Gabon, les anciens, les vieux Papas assis
à l’ombre des manguiers nous disent de nous assoir et de discuter. « Il faut palabrer , il y’a toujours une solution.
Nous les vieux , on peut sortir les « génies », dans nos rites, on a ça!!
Les jeunes doivent rester à la maison. Il ne faut pas aller faire du brigandage,
c’est pas bon!
C’est aux anciens de régler ça. Bongo et Ping doivent s’asseoir à la
même table! « 

Aujourd’hui, les intérêts politico-économiques ont crée plusieurs
conflits, internes avec les rivalités à propos de l’héritage du père dans
le clan Bongo, avec la France qui essaye de ne plus être ingérente, les
américains qui jouent un trouble jeu et la Chine qui s’installe dans toute
l’Afrique pour les matières premières.
Yann ajoute, le Gabon devrait s’inspirer du Costa Rica. C’est un
exemple à suivre pour nous.
Pour l’instant , on ne sait pas quand on va pouvoir rentrer. on attend!
Marie-Lou, ma femme a un visa qui expire à le fin du mois de septembre. On va
essaye de prolonger les papiers, sinon elle sera obligé de rentrer au Gabon. ça
nous inquiète beaucoup! «.

©LSAZY


Lieu : Bois le roi

Mots clés : couple mixte, couple franco-gabonaise, Gabon

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