Le 26 décembre 2003, à 05h28 du matin, un séisme d’une ampleur de 6.3 sur l’échelle de Richter frappait la ville de Bam, en Iran : 40 000 morts, 60 000 sans abris ou disparus, dont près de 30 000 blessés, la ville est détruite à 80% en une douzaine de secondes. Marcher dans les rues de Bam, c’est comme errer dans une cité bombardée. Dès que l’on s’éloigne des boulevards et des devantures de boutiques encombrées de gravas, on découvre un paysage fait de ruelles envahies de tas de briques poussiéreuses, d’objets du quotidien ensevelis que des rescapés extraient des murs écroulés. Souvent, quelqu’un nous aborde, avec l’envie de raconter son histoire, souvent la même, celle d’avoir été pris en plein sommeil, et, pendant douze secondes, projeté contre les murs, incapable de rester debout, et encore moins de sortir d’une maison qui s’écroule, celle d’un bilan : une liste de proches et d’enfants perdus, piégés par le chaos du séisme, un deuil à faire et un but pour vivre, revivre, à trouver. A la nuit tombée, ce sont des milliers de tentes qui s’allument de cette lumière jaune orangée des ampoules électriques, les groupes qui se forment autour des feux, dans une nuit où la température tourne autour des 5°C. Demain, il faudra de nouveau survivre au quotidien, en attendant que la ville se vide de se rescapés, déplacés dans des camps en périphérie, pour être rasée par les bulldozers, et reconstruite, on ne sait encore ni quand ni comment. Les habitants devront certainement se préparer à vivre au moins deux ans ainsi. Malgré le gigantisme du nombre des victimes de cette catastrophe naturelle, la ville risque de tomber dans l’oubli. Les iraniens de Bam se retrouvent là, après l’afflux des ONG, inquiets d'être bientôt oubliés. Il sont cependant soutenus par certaines, encore présentes, comme Médecins du Monde, qui m’a permis de les accompagner au quotidien.
© Elisabeth RULL / Divergence
Dans les jours qui suivirent le seisme, partout, en ville, ce ne sont que volontes de temoignages. Plus tard, lorsque la majorite des medias aura disparu des decombres, quitte l'Iran, il faudra maintenir l'ecoute aupres des populations. L'hopital Imam Khomeiny, a moitie detruit, propose aussi une assistance psychologique aux sinistres. Hassan, 23 ans.
Dans un des quartiers devastes de Bam, l'eclairage public reste le dernier temoin des ravages du seisme. Arrivee le 31 decembre 2003 au soir, c'est a travers ce paysage apocalyptique que l'equipe de Medecins du Monde decouvre la ville devastee.
Au campement des Nations Unies, chaque soir, les acteurs de l'humanitaire se reunissent pour faire le point sur l'e?volution de la situation de la ville (MDM, MSF, Unicef, Peace Wind, Action contre la faim...) Au total, ce sont pr?s de 65 ONG (Organisations Non Gouvernementales) qui sont pr?sentes ? Bam, aux co?et?s du Croissant Rouge qui g?ere les distributions et l'approvisionnement. Au campement des Nations Unies, chaque soir, les acteurs de l'humanitaire se reunissent pour faire le point sur l'evolution de la situation de la ville. MDM, MSF, Unicef, Peace Wind, Action contre la faim? Au total, ce sont pres de 65 ONG (Organisations Non Gouvernementales) qui sont presentes a Bam, aux cotes du Croissant Rouge qui gere les distributions et l'approvisionnement.
Retourne sur les decombres de sa maison pour tenter d'en extraire quelques objets utilisables, cet homme est tombe et s'est fracture le nez. Au cours de la consultation, le medecin apprendra que son etat de choc tient autant a l'opium qu'il a absorbe et dont il est sous les effets que de ses blessures. Dans la region de Bam, les opiomans sont nombreux et c'est a un vrai probleme de sante publique que sont confrontes les medecins.
Vision d'une cite detruite, comme bombardee... L'electricite, remise quelques heures a peine apres le seisme, est desormais presente 24h sur 24 dans la ville, alimentant un eclairage public qui, meme en plein jour, eclaire les ruines, et, au milieu des decombres, la vie qui reprend.
Petit a petit, des camps se montent en peripherie de la ville. Les autorites engagent les habitants a s'y installer alors qu'ils sont encore en construction. Municipalite, representants des provinces iraniennes (qui ont pris en charge chacun un des sept secteurs de la ville), et ONG se repartissent la gestion logistique et sanitaire des camps.
Dans un des premiers camps montes, gere par le BAFIA (Bureau de Gestion des Affaires ?trangeres), balancoires et toboggans ont ete installes pour les enfants. Ils jouent, au milieu des tentes, des citernes et des latrines. Ils s'occupent : une quinzaine de jours sont passes depuis le seisme et l'ecole n'a pas encore repris.
Troublants temoignages de ces femmes croisees dans une ruelle, entre les tentes et les decombres de la ville : " Les gens la-bas sous les tentes, ce sont pas nos voisins, ils n'habitaient pas le quartier, ils ne sont pas de Bam, nous ne les connaissons pas ". Un certain nombre d'escrocs se sont installes sous les tentes distribuees par le Croissant Rouge, esperant ainsi detourner les aides financieres.
En ce jeudi, jour de recueillement et de deuil pour la ville, des milliers de personnes se sont rassemblees dans l'unique cimetiere de Bam, pour pleurer leurs morts, enterres quelques jours auparavant, dans l'urgence, au rythme de l'extraction des corps des decombres. Le cimetiere, situe aux portes de la ville, semble s'etendre sans fin vers le desert.
Au milieu des decombres, comme venu de nulle part, d'entre les ruines poussiereuses et les rues entassees de decombres, un homme apparait. Il nous salue, s'arrete un instant, puis repart, a la recherche d'un point d'eau ou remplir son bidon d'eau... Ce n'est que dans quelques jours que le reseau d'eau potable sera reconstitue, en surface, a l'aide de centaines de citernes et de milliers de metres de tuyaux.
" Voici les coupons de ravitaillement qu'on nous donne pour les distributions de nourriture. Apres le seisme, ou j'ai perdu six de mes enfants, on a attendu cinq jours avant d'avoir une tente. On a du dormir dehors." Hossein, 82 ans.
Au soir, non loin de la tente qui est desormais sa maison, une femme prie, sur les decombres de sa maison. Moment de recueillement et d'isolement, comme pour se raccrocher aux reperes passes. Il y a tant a reconstruire...
Dans les camps de deplaces, l'approvisionnement en eau se fait pour l'instant par ces gigantesques citernes, auxquelles sont relies les tuyaux de distribution. Avec les ONG, les autorites travaillent a une connexion de l'alimentation des camps au reseau d'eau de la ville, les citernes ne seraient alors plus la que par securite.
?"On nous a dit de nous installer dans ce camp. On nous a dit qu'ici, nous aurions de l'eau, de la nourriture, des soins et que nous serions en securite. Mais ici, nos freres ne peuvent pas dormir dans la meme tente que nous. Nous avons peur la nuit. Il fait froid et nous n'avons pas assez de couvertures. Avant, nous avions notre tente devant notre ancienne maison. "
La Citadelle, deux fois millenaire et classee Patrimoine Mondial de l'Humanite par l'UNESCO, a ete reduite en poussiere de sable par le seisme. Son acces est rigoureusement surveille, les badauds, journalistes et delegations officielles etant nombreux a vouloir y acceder. Des projets de reconstruction du monument sont a l'etude.
Au crepuscule, la lumi?ere du jour se fait plus douce et se melange a l'eclairage public. Les habitants de Bam se rassemblent autour de leurs tentes et se preparent a passer une nouvelle nuit...
Dans toutes les tentes, ? chaque fois qu'un invit? arrive, le th? lui est offert. Comme pour se souvenir et pour se prouver que 'hospitalit? est toujours pr?sente. Ce geste r?sonne comme une amarre ? la vie d'avant, celle o? l'on accueillait un h?te dans sa demeure. Dans toutes les tentes, a chaque fois qu'un invite arrive, le the lui est offert. Comme pour se souvenir et pour se prouver que 'hospitalite est toujours presente. Ce geste resonne comme une amarre a la vie d'avant, celle ou l'on accueillait un hote dans sa demeure. Dans toutes les tentes, a chaque fois qu'un invite arrive, le the lui est offert. Comme pour se souvenir et pour se prouver que 'hospitalite est toujours presente. Ce geste resonne comme une amarre a la vie d'avant, celle ou l'on accueillait un hote dans sa demeure.
"Mon fr?re, ma belle s?ur et ses trois enfants sont morts. Toute notre famille vivait l?, dans notre maison. Mon mari souffre de cardiopathie et on ne peut plus le soigner. Nous ?tions riches, nous avions une belle et grande maison, avec un jardin. Aujourd'hui, nous n'avons plus rien et les gens des secours ne nous traitent pas avec dignit?, ils nous jettent la nourriture comme ? des animaux." Fatima, 50 ans "Mon frere, ma belle s?ur et ses trois enfants sont morts. Toute notre famille vivait la, dans notre maison. Mon mari souffre de cardiopathie et on ne peut plus le soigner. Nous etions riches, nous avions une belle et grande maison, avec un jardin. Aujourd'hui, nous n'avons plus rien et les gens des secours ne nous traitent pas avec dignite, ils nous jettent la nourriture comme a des animaux." Fatima, 50 ans "Mon frere, ma belle s?ur et ses trois enfants sont morts. Toute notre famille vivait la, dans notre maison. Mon mari souffre de cardiopathie et on ne peut plus le soigner. Nous etions riches, nous avions une belle et grande maison, avec un jardin. Aujourd'hui, nous n'avons plus rien et les gens des secours ne nous traitent pas avec dignite, ils nous jettent la nourriture comme a des animaux." Fatima, 50 ans
Dans une boulangerie industrielle, dont les b?timents et les machines n'ont pas souffert du s?isme, une ?quipe d'une petite dizaine de personnes produit le pain. Il est bient?t 17h, la lumi?re se fait plus douce. Bient?t, une file d'attente se formera ? l'entr?e de l'entrep?t pour attendre la distribution des galettes. Dans une boulangerie industrielle, dont les batiments et les machines n'ont pas souffert du seisme, une equipe d'une petite dizaine de personnes produit le pain. Il est bientot 17h, la lumiere se fait plus douce. Bientot, une file d'attente se formera a l'entree de l'entrepot pour attendre la distribution des galettes.
Le garage ? motos d'Ali fait partie des premiers commerces ? r?ouvrir. Une trentaine de motos lui sont confi?es par jour. Ariana, Talash, Xinjfu et autres Kasratiztak, surtout des 125 cm3, retourneront, charg?es de deux, voire trois ou quatre passagers, de vivres et couvertures, grossir le flot d'une circulation chaotique. Le garage a motos d'Ali fait partie des premiers commerces a reouvrir. Une trentaine de motos lui sont confiees par jour. Ariana, Talash, Xinjfu et autres Kasratiztak, surtout des 125 cm3, retourneront, chargees de deux, voire trois ou quatre passagers, de vivres et couvertures, grossir le flot d'une circulation chaotique.
Au cimetie?re, les longues silhouettes noires des femmes pleurent les morts.
L'?essence a ete distribuee gratuitement dans les premiers temps, permettant l'approvisionnement par la route des rescapes. C'est une tente qui sert desormais de bureau a une station essence, recemment remise en service.
La ville a ?t? divis?e en sept zones ou secteurs de sant?. Chacune d?entre elles est g?r?e par une des provinces de l?Iran. La ville a ete divisee en sept zones ou secteurs de sante. Chacune d?entre elles est geree par une des provinces de l?Iran.
L'?ensemble des actions des ONG sont coordonnees par la Federation du Croissant Rouge, qui centralise les distributions d?eau, de nouriture et de tentes.
Un homme est transf?r? de la clinique de M?decins du Monde ? l?H?pital Central de la Croix Rouge. Son ?tat n?cessite une hospitalisation. C?est sa famille qui l?avait amen? ? la clinique apr?s une tentative de suicide. Un homme est transfere de la clinique de Medecins du Monde a l?Hopital Central de la Croix Rouge. Son etat necessite une hospitalisation. C?est sa famille qui l?avait amene a la clinique apres une tentative de suicide.