Mémoires d'Enfances Exilées - Histoire des "Enfants de la Creuse"

© Corinne ROZOTTE / Divergence

Guyto Carolio, 56 ans, exilé à l'Aerium de Saint-Clar (Gers) à l'âge de 6 ans. Sa mère biologique étant décédée à sa naissance, il a pu lire dans son dossier qu'à La Réunion, « son père n'aurait pas eu a force de s'occuper de lui ». Il est alors déclaré « recueilli temporaire » par l'aide sociale à l'enfance de Saint-Denis, placé à la pouponnière de Saint-Denis puis transplanté au foyer de Saint-Clar. Il en garde de relativement bons souvenirs et se lie d'affection avec une éducatrice du foyer qui l'accueillera chez elle le week-end et les vacances. Il passera 6 ans à Saint-Clar, avant d'être une nouvelle fois transplanté contre son gré dans une famille d'accueil d'Orléans. Pour Guyto, c'est un choc supplémentaire et « c'est là que tout bascule ». Il y reste jusqu'à ses 18 ans, âge à partir duquel il se sent « mit à la porte » puisque, étant devenu adulte, cette famille d'accueil ne percevait plus d'argent pour le garder chez elle. « J'avais la rage » se souvient-il à cette époque où il se retrouve alors à la rue, révolté et refusant toute aide de la part des services sociaux. Cette période d'errance prend fin quand il est pris en charge par les services psychiatriques d'un hôpital de Jour des environs d'Orléans et accepte de vivre dans un logement HLM. Il y reste une quinzaine d'années où il vit d'une pension d'adulte handicapé. Aujourd'hui Guyto vit dans une petite maison sur les bords de Loire et s'aprète à retourner à La Réunion grâce au dispositif de prise en charge du billet d'avion mis en place par l'Etat français.

Lieu : Bonny-sur-Loire, France

Mots clés : Creuse, Enfants de la Creuse, France, Ile, Reunion, Reunionnais, enfance, exil, histoire, memoire, memory, metropole, post-colonial, portrait

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