REPORTAGE : Rassemblement contre la construction de mégabassines à Sainte-Soline.

Par  161 photographies - 25 mars 2023

Bordeaux, 13 avril 2023

Au niveau des chiffres, il se dit qu’il y avait 30 000 manifestants selon les organisateurs et 6000 selon la police. 3000 gendarmes pour surveiller cette manifestation, des hélicoptères, une vingtaine de Quads. Les responsables politiques annoncent qu’il y a eu 6000 manifestants et 3000 gendarmes, ce qui veut dire qu’il y aurait eu 2 gendarmes par manifestants !.
Il y avait 1000 activistes déterminés, dont certains venus de l’étranger (j’entendais parler allemand, anglais, italien, espagnol, …). Certains étaient présent prêt à en découdre. 5000 grenades de désencerclement et lacrymogènes ont été jetées par les forces de l’ordre en l’espace de 2 heures. Il y a eu 200 blessés dont 2 personnes ou le pronostic vital a été engagé côté manifestants et une quarantaine de blessés du côté des forces de l’ordre dont deux graves. Le pronostic vital du manifestant Serge D. est toujours engagé à ce jour.

Le parti pris de ce travail et de montrer l’intérieur du « bloc » et l’ambiance qui y régnait. Ils s’appellent les « déter » entre eux pour déterminée. Je veux montrer la détermination des activistes contre quelque chose qu’ils jugent injuste, prédateur et pas en adéquation avec la transition énergétique, écologique et le bien général. Pour certaines personnes, elles disent utiliser leur corps pour contrer ces projets inutiles et imposés.

Ce qui s’est passé à l’intérieur du bloc pour y être resté plus de 1H30, ce n’est pas ce qui s’est passé à l’arrière et très peu de personnes l'ont documenté en photo. C’était un vrai brouillard car on prenait toutes les fumées des lacrymogènes qui nous revenaient avec le vent. Juste derrière le bloc les forces de l’ordre ont fait un mur de grenades de désencerclements (GN2L), de LBD et de lacrymogènes et c'est à cet endroit qu’il y a eu pour ainsi dire tous les blessés et les personnes mutilées. Aussi dingue que cela puisse paraitre, je n’ai pas tout vu, mais je n’ai pas vu un blessé quand j’étais à l’intérieur. Pourtant, il y a eu 200 personnes blessées, dont une quarantaine gravement et deux très graves sans parler de toutes les blessures psychologiques, plus sournoises. Le premier que j’ai vue, c’est quand je suis sorti du bloc, à une dizaine de mètres de moi un homme marché de dos par rapport aux tirs et une grenade désencerclente est tombé juste derrière lui. Il avait la tête baissée et il ne l’a pas vue. Loin de lui avec mon masque et mes lunettes sur la tête je n’ai pas pu le prévenir, elle a explosé, 2 secondes après la personne est tombée à genoux. On a tous montré du doigt l’endroit et crié Médics pour qu’il se fasse secourir, il a été pris en charge quelques secondes plus tard et conduit à l’arrière. Un mot d’ordre traversa la foule et les groupes de militants qui étaient aux contacts avec les gendarmes prirent du champ. Sur le côté, il y avait un attroupement, en me rapprochant d’une camionnette blanche, j’ai pu apercevoir Serge D à l’intérieur qui attendait d’être évacué depuis plus d’une heure.

Ce travail peut être interprété d’une façon négative pour les personnes qui ont organisé cette marche, mais ce n’est absolument pas la volonté et la lecture qu’il faut en avoir.

Deux parties ne se parlent plus, ne s’entendent plus et ne s’écoutent plus, pour certains la seule solution pour se faire entendre est la confrontation physique et la violence. Modestement, ce travail essaye de montrer cela.

Sans calquer le discours des organisateurs, mais en essayant de garder une certaine objectivité, aujourd’hui avec le réchauffement climatique des solutions urgentes et pérennes doivent être mis en place. Les méga-bassines ne sont pas en adéquation avec les solutions à trouver. 20 % de l’eau qu’elle contienne s’évapore avec le soleil. Le petit nombre d’agriculteurs qui en bénéficient sont plutôt des agriculteurs qui pratiquent une agriculture intensive. Une partie de ce qui pousse dans leurs champs est exportée à l’étranger pour nourrir du bétail et parfois nous revient sous forme de viande. Une autre partie des champs sert à produire du bioéthanol qui se retrouvera dans les réservoirs de nos voitures.

Il n’a pas plu pendant plus de 32 jours en France, on parle de sécheresse hivernale, les nappes phréatiques n’ont pas réussi à se régénérer et pourtant un nombre important de méga bassine sont en projet.